Novembre 2022

« HOME CINÉMA » N’EST PAS « LA CLEF REVIVAL »
LA CLEF (REVIVAL) N’EST PAS LA BONNE !
(LUEURS BIEN NOIRES SUR LE CINÉMA LA CLEF)

Le Cinéma La Clef a été occupé du 20 septembre 2019 au 1er mars 2022.

Deux associations se sont succédé durant cette période : Home Cinéma (2019-2021) et La Clef Revival (2021-2022).

Au moment d’être possiblement sauvé, le cinéma La Clef est finalement menacé par une scission interne. Celle-ci provoque le départ de l’association fondatrice de l’occupation (« Home Cinéma ») le 11 octobre 2021, et la création d’une nouvelle (« La Clef Revival »). Au lieu de révéler la scission au public, La Clef Revival préfère la dissimuler après avoir récupéré tous les réseaux sociaux et s’être réapproprié l’ouvrage du volontariat bénévole des fondateurs de l’occupation, des membres les plus actifs (encore jusqu’à aujourd’hui!) et du projet de reprise des anciens salariés. L’association La Clef Revival a également récupéré le nom même du cinéma La Clef durant son occupation citoyenne et pacifique (« La Clef Revival ») !

Le 1er mars 2022, le cinéma La Clef est expulsé de ses occupants. Ces derniers, au courant de l’expulsion la veille au soir, ne manifestent aucune résistance, même créative, achevant définitivement toute la symbolique d’une lutte et la déception des soutiens.

Toujours en activité, mais hors les murs, La Clef Revival relève d’une gouvernance clanique autour d’une collecte de fonds en vue de racheter le cinéma La Clef à un prix spéculatif. Celui-ci a été déterminé par le propriétaire des lieux, le comité social et économique de la banque Caisse d’Épargne.

Comment La Clef Revival peut appeler encore un « cinéma » ce lieu culturel et revendiquer un « bien commun » avec une seule séance par jour ?

Ou comment une lutte sociale et culturelle désintéressée s’en est allée…

Depuis décembre 2021, leur collecte de fonds (« Cinéma Revival ») inonde les réseaux sociaux et leur communication gangrène le milieu audiovisuel et cinématographique français. Ce dernier ne semble pas percevoir encore les dessous d’une lutte, détournée, et le sabotage dissimulé en faveur d’un projet de reprise opportun. Les ambitions personnelles des uns (La Clef Revival) au détriment d’une lutte désintéressée des autres (Home Cinéma)…

L’Association Home Cinéma a une dette envers le public, des riverain.e.s aux cinéphiles… Celle d’avoir aussi été trompé en 2021 par les manigances politiques et financières d’une nouvelle association en devenir (La Clef Revival), et d’avoir été complice involontairement d’une collecte de fonds.

L’association Home Cinéma avait un projet de reprise viable pour racheter le cinéma à 2 millions d’euro. La nouvelle association La Clef Revival n’a pas donné suite et se positionne sur un rachat à 4,4 millions d’euro. En plus d’un braquage déguisé en sauvetage d’un cinéma et le sabotage d’un projet de reprise viable pour sauver celui-ci, l’association La Clef Revival est un désaveu envers la programmation historique de films diversifiés à l’époque du cinéma quand il s’appelait encore « Images d’ailleurs » (1990-2009).

Une séance par jour, des studios de production et la revendication d’une idéologie unilatérale, ayant provoqué l’annulation du film Santa Sangre (fin janvier 2022), nous font présager le pire pour l’avenir de ce cinéma emblématique s’il tombe entre leurs mains.

L’association La Clef Revival ne comprend et n’est soutenue par aucun des anciens salariés du cinéma La Clef. Elle n’est pas plus soutenue par le collectif des spectateurs « Laissez-nous La Clef ».

« Voilà [plus de] 50 ans que dans le noir le peuple des salles obscures brûlent de l’imaginaire pour réchauffer le réel. Maintenant, celui-ci se venge et veut de vraies larmes et du vrai sang. » (Histoire(s) du cinéma : Toutes les histoires (1988-1998) de Jean-Luc Godard)

L’association (Home Cinéma) à l’origine de l’occupation du Cinéma La Clef (20192021) revient donc mais sous une nouvelle forme : La Clef Survival (à ne pas confondre avec La Clef Revival).

Notre lutte est désintéressée, et ne se réduit pas à une collecte de fonds, surtout pour sauver un bâtiment culturel à un prix spéculatif.

Notre lutte défend un cinéma de quartier et non un laboratoire de création audiovisuelle privatisé, sous couvert de « bien commun » et sous l’égide des ambitions personnelles de l’association La Clef Revival.

On ne spécule, ni ne badine avec notre précarité ou notre volontariat bénévole.

On ne défend pas la culture avec l’argent des autres, mais avec des valeurs morales, de l’audace et du panache créatif à toute épreuve ! Un combat n’est ni une mode, ni une tendance.

DÉTROMPEZ-VOUS !

Au travers de nobles causes s’est tapi un opportunisme bourgeois sans aucun scrupule. Ces arrivistes néo-libéraux sont prêts à tout, jusqu’à pervertir, non sans cynisme, ces causes fragiles à défendre, et les instrumentaliser pour en récupérer tous les soutiens, mais aussi le moindre pécule.

Sous couvert des pouvoirs publics ? Corruption, spéculation immobilière et gentrification…

Sous couvert de l’Économie sociale et solidaire (ESS) ? Une vitrine associative raflant toutes les subventions et spéculant sur le foncier (l’exemple emblématique du Groupe SOS).

Sous couvert de collectif et de l’associatif ? Une planque anonyme pour des lâchetés individuelles.

Les « biens communs » ? Des étendards mercantiles pour des intérêts personnels (L’association La Clef Revival).

Des structures activistes et militantes démultipliées ? Des groupes sectaires à l’affût du moindre pouvoir, pratiquant l’exclusion et un climat de terreur pour tout ce qui ne leur ressemble pas ou ne partage pas leurs vues. Et avec une bienpensance beaucoup trop démonstrative et inadéquate quand elle s’exerce sur les œuvres. Tout abus de pouvoir cherche à abroger le moindre savoir.

Toutes les luttes, de leurs méthodes à leurs pratiques, sont un jour ou l’autre détournées avec les mêmes outils que les pires extrémismes politiques récupérant les luttes sociales et culturelles afin de remplir leurs rangs en vue des prochaines élections.

Ce n’est plus la convergence des luttes, mais la dispersion de celles-ci que nous pratiquons à l’heure actuelle.

Ce n’est plus le gouvernement qui nous divise (ou pas seulement), mais nos intérêts propres ou nos ambitions personnelles !

La lutte doit être illégale et désintéressée. Elle doit être prête à n’avoir aucun retour, aucune reconnaissance pour préserver son front. Seule une créativité à toute épreuve devrait être garante de sa stabilité politique pour ne rien céder à tout ce qu’elle exècre fondamentalement : la récupération du labeur prolétaire et sa réappropriation, l’encanaillement d’une classe dans des problématiques sociales qu’elle ne saisit pas et qu’elle pervertit par sa bonne conscience bourgeoise, le mensonge, le déni, la gouvernance clanique, le climat de terreur et toute emprise fomenteuse et avide de pouvoir, l’horizontalité collective au détriment des plus travailleurs. Et bien souvent, ce sont ces derniers qui héritent des risques juridiques les plus conséquents…

« Tel acte fait en quelques jours plus de propagande que des milliers de brochures. »
(Pierre Kropotkine, L’esprit de révolte)

Aujourd’hui, toute action culturelle et artistique doit être subversive, et plus que jamais.

Au travers de nobles causes s’est tapi un opportunisme bourgeois sans aucun scrupule. Ces arrivistes néo-libéraux sont prêts à tout, jusqu’à pervertir, non sans cynisme, ces causes fragiles à défendre, et les instrumentaliser pour en récupérer tous les soutiens, mais aussi le moindre pécule.On nous a beaucoup trop endormi de politiquement correct, trop assené de bien-pensance, trop martelé d’hypocrisie et d’opportunisme pour « réussir » ! On a trop instrumentalisé le secteur associatif et revendiqué des velléités collectives pour nourrir des ambitions personnelles, et spéculer sur celles professionnelles. Le collectif a bon dos pour déresponsabiliser les lâchetés individuelles.

On doit arrêter de confondre activisme et arrivisme, luttes et gloriole, courage et égoïsme, action et paroles.

On ne refait pas l’histoire, on la défriche. On ne censure pas l’audace, on l’encourage. On préfère débattre que juger, comprendre que condamner, aimer plutôt que haïr !

LA CLEF SURVIVAL (à ne pas confondre avec La Clef Revival),
novembre 2022


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